Jonathan Pollard, qui a purgé une peine de 30 ans dans une prison américaine pour espionnage, a exprimé jeudi soir son soutien à Amiram Ben Uliel, condamné en 2020 pour après avoir lancé un engin incendiaire sur une maison de la ville de Duma, en Cisjordanie, et avoir provoqué la mort de la famille palestinienne Dawabshe en 2020. L'affaire Amiram Ben Uliel défraye à nouveau la chronique après qu'une députée Limor Son Har-Melech, du parti d'extrême droite Otzma Yehudit, a dénoncé, en début de semaine, les conditions de détention de Ben Uliel, le qualifiant de "saint homme vertueux", et affirmant qu'il avait fait des aveux sous la torture. D'autres voix se sont depuis élevées pour défendre Ben Uliel, considéré comme traité plus durement qu'un prisonnier terroriste palestinien.
M. Pollard a affirmé s'"identifier" à l'accusé et établi un parallèle entre son incarcération et celle de M. Ben Uliel. "C'est la même chose et c'est différent à la fois. Je le défends pour trois raisons", a-t-il déclaré à i24NEWS. "Ce qu'on appelle dans la loi des 'preuves inculpantes' n'ont pas été présentées à la Cour. Or, il faut être sûr que l'accusé a tout en main pour se défendre. Et. dans le cas présent, ça n'a pas été le cas. Esther Hayut (présidente de la Cour suprême) a empêché ses avocats de présenter leurs preuves pour ne pas qu'elles arrivent à la Cour suprême", a-t-il affirmé en pointant du doigt une erreur "éthique". "Ses aveux ont aussi été obtenus sous la torture. Les gens l'ont impliqué car il est Juif. Je suis opposé à l'utilisation de la torture pour soutirer quelque information que ce soit, peu importe qu'une personne soit arabe, juive, caucasienne ou druze. Cela nous déshumanise", a-t-il déploré. "J'étais sujet, moi aussi, à des interrogatoires assez musclés et je suis 100% invalide à cause de cela. Des aveux sous torture ne sont pas crédibles", a-t-il ajouté mettant en doute la légitimité des aveux de Ben Oliel. "Et la troisième raison pour laquelle je suis impliqué, c'est parce que comme moi, Amiram a été détenu dans ce qu'on appelle une 'cage à chiens', une cellule minuscule et isolée de tous les autres.
"Amiram et moi avons été utilisés comme armes"
M. Pollard considère que lui même a été condamné injustement. "J'ai été accusé, non pas légalement, mais rhétoriquement, d'être un traître. Je n'ai jamais véritablement été accusé de trahison, mais ça a été utilisé contre moi et Amiram est lui aussi accusé d'un crime qu'il n'a pas commis", a-t-il asséné.
Selon M. Pollard, lui et Amiram ont été utilisés, de la même manière, "comme une arme contre une certaine communauté". "Moi j'ai été utilisé comme une arme contre la communauté juive américaine dont on a remis en question le patriotisme. Dans le cas d'Amiram, quelques heures après ce meurtre atroce à Duma, les Américains étaient déjà au téléphone avec le gouvernement israélien pour dire qu'un terroriste juif doit être accusé. Et en trois heures, c'est ce qu'il s'est passé".
Une campagne de collecte de fonds en faveur d'Amiram Ben Uliel a recueilli plus de 1,2 million shekels (environ 295 000 euros) et a provoqué un tollé dans le pays. Récemment, 14 députés ont demandé d'assouplir les conditions de détention de Ben Uliel. Pour Rosh Hashana, il a été brièvement transféré avant de retourner en isolement.